Il est là au
creux de la vague, présent lorsque toutes mes issues sont closes, près de moi
quand tous mes espoirs s’échappent : Mon Piano.
Le contraste du
blanc de ses touches « bécarre » avec le noir des
« dièses » et des « bémols » de ma vie assiste aux
fluctuations de mes humeurs et en constitue leur échappatoire. Mon cœur
heureux, de belles notes franches et joyeuses émanent de ses entrailles,
accompagnées d’une boîte à rythme excessivement saccadée. Dans ces moments-là,
mes longs doigts filent gaiement d’un bout à l’autre du clavier, passant
allègrement d’une noire à une blanche, dans une fugue légère et enjouée.
Lorsque la
solitude m’accapare, en ces mornes soirées hivernales, il s’appelle
CONSOLATION, et sa musique couvre alors le silence désolant du téléphone…
Lorsque, enfin,
déçue, blessée, déprimée, j’aborde le panaché noir et blanc, le piano pleure
sur une « Tristesse » de Chopin transmettant mes émotions intactes,
rassemblant tous mes talents musicaux en une somptueuse plainte dont personne
ne saisit les cris de S.O.S. qu’elle invoque au plus profond de sa douleur.